J’ai un bichon frisé. C’est une femelle. Elle a dix ans.

Depuis quelques jours, elle boit trop. Pas d’alcool, non, mais de l’eau. Elle me réveille la nuit pour réclamer de l’eau, proférant vers 4 h du matin le « Woof » qui l’a rendue célèbre.

Hier, j’appelle la véto, je lui explique, elle me demande de venir ce vendredi, 9 heures.

Il faut que le chien soit à jeun et que je lui prélève ses urines du matin.

Je lui demande comment on prélève les urines d’un chien (je vous laisse imaginer la position d’un chien en train de faire pipi).

C’est bon ? OK.

La véto me dit : avec une louche. Puis vous transvasez dans un petit récipient. Le tout stérile. Bien sûr.

Bien sûr.

Hier soir, je vais chez Casa, acheter un récipient et une louche dédiée.

Ce matin, je stérilise le matériel dans mon cuit-vapeur et j’encourage mon chien à faire pipi sur la terrasse, mais la louche dans ma main l’inquiète, ça peut se comprendre. Pas moyen. Elle me regarde, s’assoit. Rien de rien.

Tant pis, je ne peux pas rater l’heure du rendez-vous. Je descends dans la rue munie de :

–       Mon chien,

–       La louche,

–       Le récipient.

Sitôt sortie, la bestiole fait pipi sans que j’aie eu le temps de lui tendre ma louche.

Coup de bol (il en faut) il n’y a personne dans la rue car Nicolas Sarkozy est attendu en ville, tout est bloqué. Voilà qui sauve au moins ma réputation dans le quartier.

Elle marche, me jette des regards inquiets de temps en temps, normal, j’ai une louche dans la main. Elle doit se demander si je vais la taper avec.

Une cinquantaine de mètres plus tard, une goutte de pipi est rattrapée par ma louche. Je la transfère dans le récipient. Ce n’est qu’une goutte, mais les temps sont durs. Personne à l’horizon.

On file chez la véto.

J’entre, je tends le récipient à l’assistante qui regarde la goutte d’un œil torve.

–       Pas certaine que ça suffise…

–       OK mais là, j’ai poursuivi mon chien une louche à la main pendant 30 minutes, donc si ça suffisait, ce serait vraiment top.

–       On va voir ce qu’on peut faire.

Salle d’attente, le chien tremble.

La véto et l’assistante, telles Les experts manhattan font parler la goutte. On me fait entrer dans la salle de consultation, le verdict tombe : Elle est diabétique.

–       Pardon ?

–       Oui. On va vérifier par une prise de sang.

On rase la patte du chien, prise de sang, confirmation : diabète.

–       Comment ça se soigne ?

–       Piqûre d’insuline chaque matin.

–       Sérieux ?

–       Oui.

La véto m’apprends à faire une piqûre.

Je quitte le cabinet avec ma louche, mon chien diabétique, des piqûres et de l’insuline.

On se revoit dans 10 jours pour faire le point. Je ne sais pas s’il faudra à nouveau prélever les urines…

Note pour plus tard : la louche n’est pas le meilleur plan pour récupérer les urines de son chien.